Le premier DVD d’une des formations les plus importantes du rock progressif contemporain paraît enfin, plus de sept ans après la sortie de leur premier album, Out of Myself, en 2003. Très vite, le quatuor mené de voix de maître par le ténébreux Mariusz Duda a su se forger une place de choix dans le créneau atmosphérique déjà passablement occupé par Porcupine Tree, Opeth et autres émules de Pink Floyd. Ce qui différencie Riverside de ses rivaux anglo-saxons reste cette prise de son très typée, policée et axée sur les claviers. Une production néo-progressive « à la polonaise » (Collage, Believe, etc.) pour être bref et s'adresser à la frange la plus spécialisée du lectorat, même si les sons de guitare de Piotr Grudzinski savent se faire nettement plus tranchants que ceux de ses compatriotes.
Ce premier rendu visuel de la troupe venue de l’Est ne constitue pas une véritable nouveauté puisque le pendant audio de ce concert donné « à la maison » était déjà préalablement sorti, uniquement distribué durant le Reality Dream Tour en décembre 2008. Collector donc ! Heureux ceux qui ont alors acheté ce double disque compact limité à mille exemplaires seulement [Sachez au passage que l’auteur de ces lignes possède le numéro 427, le meilleur paraît-il…].
En plus de cet excellent concert filmé le 17 mai 2008 aux Toya Studios de Lodz (Pologne), le coffret contient une foule de miscellanées du meilleur effet (voir liste exhaustive en tête d’article). Ce spectacle donne l’occasion aux musiciens de mettre un point final élégant à leur trilogie conclue peu avant cette tournée : Out of Myself (2003), Second Life Syndrom (2005) et Rapid Eye Movement (2007). Il s’agit en effet d’un digest des meilleurs titres de leurs trois premiers albums. La parution de Anno Domini High Definition l’an passé a permis aux Polonais d’entamer un nouveau chapitre musical, encore plus novateur et plus fédérateur, à en croire le public venu en masse assister à cette nouvelle tournée.
Ce double disque versatile tombe donc un peu comme la grêle après les vendanges, en décalage certain avec l’actualité du groupe. Mais peu importe. Le soin accordé à la postproduction est exemplaire : le traitement des images, les rares effets visuels et le montage concourent parfaitement à rendre les ambiances parfois sombres des disques encore plus prégnantes. Une réussite totale. Le mini-documentaire, quant à lui, s’avère nettement plus anecdotique même si, encore une fois, on s’échine à nous montrer que les musiciens pratiquant une musique ambitieuse savent aussi se lâcher. Las, ce n’est pas la vision de ce court film qui risque de vous faire éclater la rate. Vous pouvez donc assurément vous lancer dans l’acquisition de ce merveilleux objet sans aucune contre-indication de votre médecin traitant. Un véritable rêve éveillé.